Bonsoir mes jolies libellules !
Il y a quelques mois de ça (c'était en février je crois), Les Femmes qui lisent sont dangereuses m'a envoyé un petit message, me proposant une lecture commune. Il nous a fallu un peu de temps pour nous caler, ayant des obligations chacune de notre côté. Puis un jour, elle a débarqué, avec un article qui proposait des livres à lire absolument pour les fans de la série "How to get away with murder". Nous en avons choisi un qui nous avait semblé particulièrement alléchant : "Le Maître des illusions" de Donna Tartt, l'auteure encensée pour tous ses romans mais particulièrement pour son dernier, "Le Chardonneret".
Nous voilà donc toutes deux toutes excitées à l'idée de nous lancer enfin dans ce roman qui nous faisait de l’œil. On a commencé le livre en même temps ou presque, puisque reçu/acheté le même jour pile poil. Allez, j'arrête le suspens, je vous parle du livre ! [Attention, article à rallonge, prévoyez de quoi manger et boire...]
L'histoire est racontée par Richard Papen, jeune étudiant originaire de Californie, qui décroche une bourse à l'université de Hampden dans le Vermont. En quittant la Californie, il laisse derrière lui des souvenirs plutôt incolores : Hampden est donc une façon de s'échapper de tout ça et l'opportunité de se lancer dans une nouvelle vie. Après les premières semaines plutôt banales, il fait la connaissance de Julian Morrow, professeur de grec et de lettres classique très atypique, qui n'enseigne qu'à cinq étudiants triés sur le volet, tous très liés entre eux. Richard réussit à s'intégrer dans le groupe des étudiants...
Sous l'influence de leur
charismatique professeur, le groupe découvre une nouvelle
façon de penser et de vivre, bien loin du quotidien banal de leurs
camarades. Mais quand ils dépassent les limites de la morale, leurs vies
sont profondément et à jamais modifiées et ils découvrent comme il peut
être difficile d'être réellement vivant et comme il peut être très
facile de tuer...
Un résumé plutôt alléchant... pour un livre, je ne vais pas vous le cacher, plutôt décevant. La lecture a commencé plutôt doucement, avec des histoires de traductions de grec ancien auxquelles le lecteur ne comprend rien. Si au début on se dit que ça va passer, qu'ils vont parler d'autre chose que de conjugaison de grec, en fait, pas vraiment. La vie de ces personnages tourne autour de ces cours de grec. Et je vous avoue qu'au bout d'une centaine de pages, j'étais déjà lassée et par les personnages qui manquent de couleur, et par le style de l'auteure qui est décidément vraiment très spécial.
Mais on s'accroche, on se dit que ça va passer, qu'il va y avoir du suspens, le résumé en promet alors...
De page en page, de chapitre en chapitre, ça devient de plus en plus dur de suivre ces personnages super agaçants. Richard Papen, le narrateur, raconte tout en détails. Mais quand je parle de détails, c'est des détails dont on n'a pas grand-chose à faire, qui rallongent l'histoire et qui donnent véritablement l'impression que Donna Tartt a simplement cherché à remplir des pages pour atteindre ses 792 pages. Ouep, 792 pages. L'avantage, c'est que quand ça devient trop chiant on peut sauter des pages, on ne perd pas le fil, c'est un peu comme Plus Belle la Vie quand on rate des épisodes, on arrive toujours à raccrocher les wagons !
Mais parlons des autres personnages, vous ne les connaissez pas, laissez-moi vous les présenter. On a d'abord Henri, le type qu'on a envie de fracasser contre un mur parce qu'il est super pédant et extrêmement désagréable. On a aussi Bunny, le gros balourd du groupe, qui a un phrasé particulier. Et puis il y a Charles et Camilla, les jumeaux (oui, elle a pas fait dans l'originalité la Donna Tartt, elle a pécho les noms du Prince Charles et de sa Camilla, elle s'est dit que ça ferait l'affaire), alors eux, non mais eux, au niveau de la relation chelou je pense qu'on peut pas faire mieux. Et enfin on a Francis (ou François, ça dépend des moments), un hypocondriaque peureux et insignifiant. Six personnages hautains qui se considèrent comme l'élite de la nation américaine, rien que ça.
Leur passe-temps favori ? Boire. Boire et traduire du grec. Ah oui parce que ça aussi c'est magique : quand ils s'adressent les uns aux autres en présence de personnes étrangères à leur groupe, ils se parlent en grec ancien. NOR-MAL. Et ils se balancent des petites citations de philosophes divers et variés. Bref, ce qu'on fait tous les jours.
Au niveau du scénario, comment vous dire. Le prologue donne tout. Qui est mort, comment et qui est le meurtrier. Voilà. Mais c'est "contemporain" vous comprenez... Autant vous dire tout de suite que quand vous savez tout à l'avance, difficile de se laisser prendre par le roman, il n'y a absolument aucun suspense. Et même si par moment on pourrait croire à un effet de surprise, très rapidement tout retombe comme un vilain soufflet raté !
Vous l'aurez compris, ce n'était pas une réussite. Mais attention, ce n'est pas fini (comme chez SFR !). Non parce que bon, j'achète une superbe édition (oui, la couverture est vraiment trop belle), je m'attends à une réussite. Ben non, il y a des fautes d'orthographe et de frappe. La cerise sur le gâteau. Enfin presque, parce qu'il faut que je vous parle de la traduction.
Tout le long du livre, j'ai saigné des yeux. Non parce que 792 pages mal traduites, je vous jure ça pique. À un moment donné, je ne voyais plus que les mauvaises traductions, je hurlais toute seule sur mon canapé (et j'en informais gentiment ma comparse de lecture...). Rendons cet article plus didactique voulez-vous ? Quelques exemples...
"- Dieu bon, ai-je dit.". Non mais mec, t'es sérieux là ? QUI dit ça sans déconner ?!
"- Son nouvel endroit lui plaît ?" (traduction littérale de "Does she like her new place ?")
Sans compter que tout le long de l'histoire, tous les personnages jurent : "Christ", "Jésus" etc. Que des choses qu'on ne dit pas en France, ou alors vraiment très peu. Et je vous jure que c'est vraiment gênant ! Du genre "Jésus Henri il faut vraiment que tu te calmes !". Non mais hé, faut pas déconner hein. Vous l'entendez pas l'anglais là ?! Sans compter les traductions du genre "paperplates", qui sont donc des assiettes en carton, transformées en "assiettes en papier", par notre cher traducteur. Celui qui arrive à manger dans des assiettes en papier, il est sacrément fort !
Mais ce n'est pas le pire. Ce qui me laisse sans voix, c'est la traduction d'une chanson de Bowie. Alors que le type ne s'est pas donné la peine de traduire un vieux poème anglais sorti de derrière les fagots, il décide de traduire "Space Oddity" de David Bowie. Mais il ne fait pas que le traduire non, il le traduit MAL. Je vous laisse juges : "Ici tour de contrôle pour le Maire Tom". Il traduit "Major Tom" par "le Maire Tom". Et le gars se dit traducteur. Enfin se disait, parce qu'il est mort depuis, mais bon quand même.
Donc comment dire ? Déçue n'est même pas le mot puisque je compte bien aller me faire rembourser mon bouquin. On ne pourra certes pas me rembourser le temps perdu pour la lecture (792 pages je le rappelle hein) mais je garde en mémoire les bonnes tranches de rigolade avec Les Femmes qui lisent sont dangereuses et je pense que je m'en souviendrai longtemps de cette lecture commune ! Pour lire son billet c'est par ici !
Et pour la peine, je vous laisse avec le grand David Bowie.